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22 Qui de cupiditez n’as point chargé le dos, Qui ne crains le malheur d’vne gauche fortune, Ni l’azur ondoyant du barbare Neptune, Qui portes dans ton coeur ta richesse et thresor, Et ton bien souverain: qui pour argent ni or Ne passeras la mer, ne tendras tant de toiles, Qui d’vn Balaine fier ne crains d’estre englouti, Mais qui dans ton berceau veux estre enseveli. Durant l’aage doré que nos premiers Ancestres Faisoint profession des ouvrages champestres, Astrée florissoit, et la terre 4 chascun Estoit avec ses fruicts en partage commun, Les fifres ni tambours n’esveillerent l’orage D’vn sanglant eschaffaut, ne Mars aime-carnage N’exhortoit ses Souldats, on ne trouva Citez, Chasteaux, ni tours pierreux, ni Remparts terrassez, Neptune n’eust le dos ni ses ondes salées Chargées de cent vaisseaux, car du fruict des vallées Chascun se contentoit, et vivoit 4 Cerés, Laquelle abondamment leur provida assez. O celeste labeur! qui dans ton front empraincte Portez la saincte loy, la justice, et la craincte Du grand Dieu Zebaoth, comme Abel vertueux, Noé, Moyse, Abram, et celuy qui les Cieux Semble oreillier au son de sa harpe dorée, Et triomphant se voyt vainceur d’yn Briarée. Combien d’années les Romains sont sagement Gouvernez soubs ceux ci, qui du coutre trenchant La terre ont cultivé, je laisse vn Tite Live Historier dessus le Tyberique rive. Je ne veux, nine puis mettre en jeu tous les Roys, Porte-sceptres dorez, Demy-dieux, Donne-loyx, Qui ont abandonnez leur Couronne invincible, Pour vivre bien contents parmy le champ paisible; Loing, loing des vanitez et troubles de l’esprit, Pour laquelle ses pleurs Heraclite espandit. La plus part qui cerchoynt les immortelles vivres, Et qui diligemment ont feuilletté les livres Du trois-fois sainct Esprit, sont aussi retiré, Laissant arriere loing "humaine vanité. Car le vray Helicon, et Pernasse des Muses Se plaist d’entre le son des douces cornemuses Du haubois pastoral, soubs l’arbres ombrageux
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Qui de cupiditez n’as point chargé le dos, Qui ne crains le malheur d’vne gauche fortune, Ni l’azur ondoyant du barbare Neptune, Qui portes dans ton coeur ta richesse et thresor, Et ton bien souverain: qui pour argent ni or Ne passeras la mer, ne tendras tant de toiles, Qui d’vn Balaine fier ne crains d’estre englouti, Mais qui dans ton berceau veux estre enseveli. Durant l’aage doré que nos premiers Ancestres Faisoint profession des ouvrages champestres, Astrée florissoit, et la terre à chascun Estoit avec ses fruicts en partage commun, Les fifres ni tambours n’esveillerent l’orage D’vn sanglant eschaffaut, ne Mars aime-carnage N’exhortoit ses Souldats, on ne trouva Citez, Chasteaux, ni tours pierreux, ni Remparts terrassez, Neptune n’eust le dos ni ses ondes salées Chargées de cent vaisseaux, car du fruict des vallées Chascun se contentoit, et vivoit à Cerés, Laquelle abondamment leur provida assez. O celeste labeur! qui dans ton front empraincte Portez la saincte loy, la justice, et la craincte Du grand Dieu Zebaoth, comme Abel vertueux, Noé, Moyse, Abram, et celuy qui les Cieux Semble oreillier au son de sa harpe dorée, Et triomphant se voyt vainceur d’vn Briarée. Combien d’années les Romains sont sagement Gouvernez soubs ceux ci, qui du coutre trenchant La terre ont cultivé, je laisse vn Tite Live Historier dessus le Tyberique rive. Je ne veux, ni ne puis mettre en jeu tous les Roys, Porte-sceptres dorez, Demy-dieux, Donne-loyx, Qui ont abandonnez leur Couronne invincible, Pour vivre bien contents parmy le champ paisible; Loing, loing des vanitez et troubles de l’esprit, Pour laquelle ses pleurs Heraclite espandit. La plus part qui cerchoynt les immortelles vivres, Et qui diligemment ont feuilletté les livres Du trois-fois sainct Esprit, sont aussi retiré, Laissant arriere loing l’humaine vanité. Car le vray Helicon, et Pernasse des Muses Se plaist d’entre le son des douces cornemuses Du haubois pastoral, soubs l’arbres ombrageux