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Ma Muse rit desia, se voyant amiable Dessoubs l’ombre d’vn tel Mecaene favorable, Qui fuyant le pavé des rués, va les champs Presser de ses talons: qui l’aage de son temps Loing, loing hors l’emmuré d’vne Cité redouble, Laissant des Citadins la peupuleuse trouble: Qui pour les bords du Leck et son bord verdissant Quitta le bleu Triton de l’Amstel ondoyant, Et estant petit Roy de Iaersveldt, ne desire Changer son libre estat pour vn plus grand Empire. O trois fois bienheureux (a autre fois chanté Horace et le Gascon Du Bartas renommé) O mille fois heureux! qui voit tousiours Nature Fleurir parmy les champs en eternel verdure! Le maniement joyeux d’vn verd scion enté Le lustre passe d’vn royal sceptre emperlé, Les feuilles ombrageux d’vn florissant boscage, Les doux tirelirants Rossignols en ramage, Surpassent l’orgueilleux couronnement royal, Et le chant mesuré des Chantres musical. Si tost que le Soleil va peindre de dix milles Couleurs le gay Printemps, par les pleines fertiles, Le champestre Bourgeois voyt ores sur les fleurs Aurore distiller les agreables pleurs, Il voit les fleurs ployer soubs vn mignard Zephire, Il oyt le doux Echo qui par le ciel souspire, Il voyt les aime-fleurs d’Hymette bancquetter, Le sueux Laboureur la terre cultiver, Et richement semer la nouvelle semence, Pour moissonner apres les fruicts en abondance. Le chaleureux Esté (qui brusle tout vermeil) Luy monstre les espics, la vertu du Soleil Luy monstre le coral des cramoisins cerises, Et ’Automne a couvert de mille friandises Son table, riche en fruict, en bled, en grain, en vin, Verssant le bon Bacchus dedans vn crystalin. Or estant de tous biens richement couronnée Tl sent desia en l’air les aisles de Borée. He Dieu! qu’est-ce vn plaisir ainsi en liberté Parmy les champs feconds, en toute seureté, De talonner les pas de nostres premiers Peres, Loing, loing laissant 4 dos les passions severes, Fuyant le bruict mondain! 6, doux et sainst repos! 21

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Ma Muse rit desia, se voyant amiable Dessoubs l’ombre d’vn tel Mecaene favorable, Qui fuyant le pavé des ruës, va les champs Presser de ses talons: qui l’aage de son temps Loing, loing hors l’emmuré d’vne Cité redouble, Laissant des Citadins la peupuleuse trouble: Qui pour les bords du Leck et son bord verdissant Quitta le bleu Triton de l’Amstel ondoyant, Et estant petit Roy de Iaersveldt, ne desire Changer son libre estat pour vn plus grand Empire. O trois fois bienheureux (a autre fois chanté Horace et le Gascon Du Bartas renommé) O mille fois heureux! qui voit tousiours Nature Fleurir parmy les champs en eternel verdure! Le maniement joyeux d’vn verd scion enté Le lustre passe d’vn royal sceptre emperlé, Les feuilles ombrageux d’vn florissant boscage, Les doux tirelirants Rossignols en ramage, Surpassent l’orgueilleux couronnement royal, Et le chant mesuré des Chantres musical. Si tost que le Soleil va peindre de dix milles Couleurs le gay Printemps, par les pleines fertiles, Le champestre Bourgeois voyt ores sur les fleurs Aurore distiller les agreables pleurs, Il voit les fleurs ployer soubs vn mignard Zephire, Il oyt le doux Echo qui par le ciel souspire, Il voyt les aime-fleurs d’Hymette bancquetter, Le sueux Laboureur la terre cultiver, Et richement semer la nouvelle semence, Pour moissonner apres les fruicts en abondance. Le chaleureux Esté (qui brusle tout vermeil) Luy monstre les espics, la vertu du Soleil Luy monstre le coral des cramoisins cerises, Et l’Automne a couvert de mille friandises Son table, riche en fruict, en bled, en grain, en vin, Verssant le bon Bacchus dedans vn crystalin. Or estant de tous biens richement couronnée Il sent desia en l’air les aisles de Borée. He Dieu! qu’est-ce vn plaisir ainsi en liberté Parmy les champs feconds, en toute seureté, De talonner les pas de nostres premiers Peres, Loing, loing laissant à dos les passions severes, Fuyant le bruict mondain! ô, doux et sainst repos!

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